Rencontre

Il s'était isolé dans la salle de retenue, ne supportant déjà plus les piaillements incessants et les gloussements guère discrets. Il avait laissé tombé son sac contre un mur et sortit sa musique de sa poche. Il passa les écouteurs dans ses oreilles et le mit en route. Le son était au minimum pourtant il était encore trop fort à son goût. Il se glissa sur le rebord d'une fenêtre et sortit son livre, qui s'ouvrit devant lui.

Il en avait eu besoin. De paix. Loin de tout ces enquiquineurs. Entre les félidés, les barbies et les trouillards, la matinée l'avait laissé las et blasé. Ses yeux parcouraient les lignes tranquillement et il se laissa absorber par l'histoire, l'espace d'un instant. Des rires retentirent soudain tout près et il leva les yeux vers l'entrée de la salle de retenue. Son regard foudroya les trois filles qui avaient fait mine de s'installer. En voyant ses yeux gris si mauvais, elles repartirent aussi sec, ramenant la paix dans la salle déserte.

Les minutes s'écoulèrent dans un calme qu'il apprécia et il laissa aller sa tête contre le mur, se laissant absorber par la musique. Ses yeux observèrent le paysage par la fenêtre. Il délaissa totalement son livre pour laisser dériver ses pensées et il ferma un instant les paupières, comme fatigué par tout ça. Mais un bruit couvrit le son de la musique et il replongea dans son livre, tiré de ses pensées de force. Il sentit parfaitement la présence qui arrivait, qui franchit le seuil. Mais il ne leva pas les yeux. Si l'arrivant n'était pas stupide, il partirait.

Aujourd'hui plus que d'habitude tout le monde s'agitait. Je me demandais s'il y avait une fête aujourd'hui ! Quel jour on était? Le jour de la saint Valentin? Mais non, il n'y avait rien qui expliquait l'agitation à part peut-être : l'arrivée du week end. On était vendredi après-midi. J'avais les deux dernières heures de la journée de libre à cause d'une absence de la professeur.
Heureux mais toujours aussi fatigué, j'avais décidé de piquer un petit somme. Pour une fois, je n'allais pas freiner mon besoin naturel de dormir le jour. Je me dirigeais vers ma chambre, mais, finalement, le fait que Giovanni puisse y être m'effleura l'esprit. Je changeais ma destination. Ce n'était pas que je n'aimais pas Giovanni. La dernière fois, il m'avait même semblé plus que sympathique. Mais c'était que le mal aise que j'éprouvais en la présence d'autrui me forçait à faire autrement.
Dehors... Il pleuvait. L'arbre sur lequel je dormais d'habitude (oh mon beau prunier !) était sans aucun doute trempé. Et il en irait de même pour mes habits si je décidais d'aller y pique un roupillon. Encore une fois je devais choisir un autre lieu. La sortie de secours ! En voilà un lieu agréable ! Ce n'était jamais utilisé ! Mais lorsque j'empruntais l'escalier y menant, j'entendis des voix...
Je me sentis totalement abattu. Je marchais au hasard dans les couloirs. Là aussi, je ne pourrais pas dormir. Il y avait tellement d'allées et venues ! Comme je le disais précédemment c'était à croire qu'une fête approchait.
Je soupirais en essayant de me rappeler un coin tranquille.

Au bout d'une dizaine de minutes, où je continuais à errer dans les couloirs à la recherche d'un endroit où me poser, je passais devant la salle de retenue. Au départ je n'y fit pas gaffe. Je continuais d'avancer. Puis d'un coup, je redressais la tête en me disant : "Mais il n'y a jamais personne qui est collé en tout début d'année !"
Je fis quelque pas à reculons puis normalement et enfin je me pointais au pas de la porte.

Alors que je pensais être seul, je voyais dans mon champ de vision à gauche, une silhouette. Les poils de ma nuque hérissèrent.
"Non ce n'était pas possible ! Mais je ne serais donc jamais tranquille?"
Par curiosité, je lançais quand même un regard à l'occupant de ma charmante pièce que je devrais quitter par sa faute. Si la pièce était "charmante", l'occupant l'était tout autant. Enfin, ce n'est peut-être pas le qualificatif que j'aurais utilisé si l'on m'avait posé la question. J'aurais plutôt dit : mystérieux et captivant. D'ailleurs, je restait là à le regarder pendant une bonne minute. Finalement. Je vis qu'il lisait et qu'il écoutait de la musique avec des écouteurs ! Il n'avait probablement pas envie de parler. Et les deux activités qu'il faisait ne pouvaient pas me déranger, à moins qu'il s'amuse à tourner les pages de façon bruyante ou qu'il monte le son de ses écouteurs à s'en faire péter les oreilles pour que le son me parvienne jusqu'aux oreilles.

Finalement, je décidais de quand même entrer dans la pièce. J'allais tout droit vers la chaise et la table la plus proche de la fenêtre. Là, je m'asseyais et puis doucement, m'effondrais sur la table. La tête posée, entre mes bras façon "chien" ou plutôt ocelot, je fermais les yeux.

Il soupira profondément, sentant le regard de l'inconnu sur lui mais aucune expression ne vint envahir son visage. Gardant sa contrariété pour lui, comme à son habitude, il laissa ses yeux parcourir les lignes. Jusqu'à ce que l'inconnu décide de pénétrer dans la pièce. Il ne put retenir un léger soupir à peine audible. Le nouveau venu s'approcha des fenêtres, et donc de lui, et se laissa tomber sur une table proche. D'un regard en coin, furtif et rapide, il observa le garçon. Avec ses cheveux blonds comme les blés, il s'était installé d'une façon très canine et avait fermé les yeux. Il avait clairement l'intention de roupiller.

Après tout il ne cherchait que la même chose que lui, du calme et de la tranquillité. Mais son instinct de loup en lui le fit soupirer à nouveau. Il détestait qu'on empiète sur son territoire. Il plia la jambe pour poser le pied sur le rebord de la fenêtre et son bras vint s'accouder sur son genou, sa main refermant le livre d'un geste plein de précaution. Il fixa alors le paysage dehors. Il pleuvait. Les gens couraient pour se réfugier, trouver un abri. C'était stupide, songea-t-il. Comme s'ils pouvaient passer entre deux gouttes d'eau. Attentif aux moindres mouvements du nouveau venu, son oreille concentré sur lui, il laissa un instant vagabonder ses pensées. Il était venu ici pour un peu de solitude mais la présence de l'autre ne le dérangeait pas tant que ça. Il était silencieux et ne venait pas le déranger.

La lassitude l'envahit soudain et il ferma les yeux en appuyant sa tête contre le mur. Cette semaine l'avait éreintée. Même si cela ne se lisait pas sur son visage, il se sentait exténué. Se laissant porter par la musique qui murmurait à peine dans ses écouteurs, il savoura le calme de la salle de retenue qui ne l'était d'ordinaire jamais. Il entendait parfois des gens s'arrêtait devant l'entrée mais personne n'osait rentrer apparemment. Et il fut content que sa réputation soit déjà forgée. Il n'y avait que ce blondinet qui ne semblait pas comprendre. Mais soudain, il se dit qu'il pouvait le tolérer. Qu'il pionce, tant qu'il ne ronflait pas, il s'en fichait royalement.

Spoiler:

Le prunier était en feu, d'ailleurs, ce n'était pas le seul arbre, tout les autres brûlaient aussi. Le feu s'était rependu dans toute la forêt. Le gymnase avait aussi était atteint. Des élèves s'enfuyaient du mieux qu'il pouvait vers le bâtiment principal du pensionnat. Tous les élèves couraient à droite à gauche.
Les professeurs se servaient des extincteurs mais il était bien trop tard.
Les pompiers n'arrivaient pas.
C'était la panique la plus totale. J'étais au milieu de l'incendie près de mon prunier. Je n'arrivais pas à atteindre le chemin de terre. Il était épargné par les flammes. Je me transformais en ocelot pour pouvoir me sortir de se pétrin au plus vite.
Je courrais et sautais le plus vite possible et du mieux que je le pouvais. Je me sentais complètement désorienté alors que j'avais parcouru cette forêt de fond en comble depuis que j'étais arrivé au pensionnat.
Finalement je bondissais hors de la forêt. Mais ce que je trouvais me glaçait le sang.
Devant moi, un élève du pensionnat me regarder de haut en bas. Il ne semblait pas surpris. Il me regardait de ses yeux perçants. Je me sentais démasqué. J'avais l'impression que son regard fouillait à l'intérieur de mon être.

Je me réveillais en sursaut. Je relevais brusquement la tête. Mon voisin était toujours là. J'étais toujours dans la salle de retenue et ça ne brûlait pas. Ce n'était qu'un rêve affreusement réel. Je tournais la tête à droite à gauche. Puis je fixais mon regard sur le deuxième occupant de la pièce.
C'était lui. Le type qui m'avait glacé le sang. Mon cerveau avait du sélectionner des éléments de ma journée : les élèves s'agitant, ce type dans la salle de retenue aux yeux étranges.

Dans la poche de ma veste se trouvait mon harmonica. Je commençais à prendre l'habitude de le caresser du bout des doigts pour me détendre. Mais là, je l'avais carrément saisi et sortit de ma poche. Je le regardais et jouais un peu avec le faisant basculer d'une main à l'autre.
Je me détendais un peu. Je soupirais en croisant les bras et en y posant ma tête.

Quelqu'un entra dans la salle. C'était une fille assez jolie. Elle nous avait regardé mon voisin et moi respectivement puis avait pris ses jambes à son coup. Elle avait déguerpie comme un lapin.

Je m'étais tourné vers mon voisin voulant être un peu moins asocial. J'avais tenté un sourire complice. Mais je pense que ça devait simplement déformer mon visage.

Spoiler:

Il était perdu dans ses pensées, la musique défilant quand l'autre sursauta soudain. Il demeura silencieux, s'attendant à le voir partir. Il sentit son regard sur lui puis plus rien alors il ouvrit les yeux et posa son regard argent sur lui. Il jouait avec un petit objet et il reconnut finalement un harmonica que l'inconnu faisait passer d'une main à l'autre. Et il sentit la tension disparaitre en lui. Il entendit le soupir et les lèvres de Kyo s'étirèrent en un sourire aux accents ironiques. L'autre se reposa sur ses bras et Kyo observa à nouveau le paysage par la fenêtre.

Il entendit quelqu'un entrer et il soupira. C'était une fille. Encore une. Elle observa son "compagnon" de salle puis posa un regard hésitant sur lui. Il plongea son regard agacé dans le sien et laissa sa réputation faire le reste. Elle partit. Comme toutes les autres. Il avait émit un rire bref, à peine audible et avait haussé un sourcil en voyant le regard du garçon sur lui. Il grimaçait. Il reconnut un semblant de sourire. Et il soupira. Voilà que Dormeur faisait des effort pour être sociable. Cela ne l'irrita pas. Il avait été le seul dans cette semaine infernal à ne pas venir l'agacer, lui demander une faveur. Alors il était à son égard d'une clémence inhabituelle pour lui. Il répondit à son sourire. Oh il ne fit pas un véritable sourire. Comme s'il le pouvait. C'était plutôt un sourire en coin.

Il le tolérait. Il acceptait son geste de complicité. Soudain un garçon plus téméraire qu'un autre entra dans la salle et s'installa sur une table sans même le regarder. Il sortit ses affaires et fit un boucan d'enfer. Enfin du point de vue de Kyo en tout cas. Balançant cahiers, trousse et stylos. Alors le brun fronça les sourcils.

- Dégage !

Sa voix dure résonna dans la salle et l'élève lui jeta un regard d'abord surpris avant de froncer les sourcils. Kyo aperçut une lueur de rébellion dans ses yeux et se leva. Tout vent de révolte s'éteignit et il se releva, ramassant ses affaires à la va-vite et s'éloigna d'un pas apeuré. Kyo se réinstalla sur le rebord de sa fenêtre, sans prêter attention à la réaction de l'élève toujours inconnu mais silencieux. S'il n'approuvait pas, il n'avait qu'à partir après tout.

Spoiler:

Spoiler:

J'avais était surpris par son rire bref. J'étais loin de me douter que la fille avait fuit à cause de la réputation de ce type. Pour moi, il était Monsieur Z, il n'avait de spécial que le fait qu'il était assis dans la même salle que la mienne. Sinon, il était comme le premier étudiant qui passait dans le couloir. Enfin, je l'avais quand même trouvé un peu "différent" puisqu'il lisait et que ça, ce n'était pas si courant que ça. Un moment l'idée de lui demander ce qu'il lisait m'avait effleuré l'esprit. Mais je n'avais pas osé demander. Pensant que je le dérangerais plus qu'autre chose en lui posant cette question alors qu'il avait le nez plongeait dedans.

J'avais apprécié le sourire qu'il m'avait rendu. Pour une fois que quelqu'un ne me foutait pas un vent.

Spoiler:

Le garçon qui entra me fit encore une fois avoir un petit sursaut. Léger, mais un sursaut quand même. Je me sentais attaqué, agressé par la présence du nouveau venu.
Je regardais mon voisin qui semblait plus énervé que moi. Il l'envoya boulé en un rien de temps. Il lui suffisait de dire :"dégage" et l'autre partait. A vrai dire, je fût un peu sous le choc de ce qui venait de se passer.

Je commençais à me dire que le fait que la fille parte n'était pas du au fait qu'elle avait été intimidée par nous deux mais par lui. Je le dévisageais un peu.
Je ne savais pas comment prendre cela. Mais finalement, je me sentais soulagé par le départ de l'autre type.

_"Merci de l'avoir chassé" dis-je d'un ton plutôt doux et bas.

Puis je me relevais et regardais par la fenêtre. Je regrettais quand même ma forêt. Je voulais y retourner. L'appel de la forêt ! Mais j'hésitais. Mon regard était plutôt triste. Je n'aimais pas vraiment la pluie.

"Merci de l'avoir chassé"

Il haussa un sourcil, croisant les bras sur sa poitrine et finalement sourit brièvement, juste l'espace d'un instant. ça ne dura qu'une brève seconde, mais c'était un sourire presque sincère. Le garçon semblait plein de regret et il haussa finalement les épaules. D'ordinaire il ne s'intéressait jamais aux gens. Mais lui avait été discret, pas dérangeant du coup, il était soudain plus tolérant.

- Ce pensionnat est trop fréquenté, lâcha-t-il. C'est difficile de trouver un endroit tranquille.

Spoiler:

La pluie tombait sans interruption et il soupira à nouveau. Il préférait quand il faisait beau. Ce n'était pas une préférence personnelle. Il aurait plutôt tendance à choisir la pluie. Mais quand il faisait beau, les autres allaient toujours dehors et les couloirs calme lui laissait un temps de répit où il n'avait pas à faire le regard noir. Si cela continuait, il allait probablement sortir. LA pluie ne le dérangeait pas de toute façon. Un groupe faillit entrer. Encore un. Mais se ravisa. Bruyamment. Mais ils firent demi-tour.

Tous ses sons agressaient son ouïe canine et commençaient à profondément l'agacer. Il reporta son regard sur le paysage humide. Il ferma les yeux, cherchant à faire le vide pour oublier tous ses mots vains et inutiles. Si le monde pouvait se taire ne serait-ce qu'un instant, cela lui ferait du bien.

J'avais eu de nouveau le droit à un sourire ! J'étais super content bien sûr. J'avais reporté mon attetion sur l'endroit où j'avais posé ma tête quelques minutes plus tôt. Je pensais à l'y remettre puis il parla.

_"Ce pensionnat est trop fréquenté, lâcha-t-il. C'est difficile de trouver un endroit tranquille."

A ce moment là, je levais la tête vers lui avec des yeux surpris. Lui aussi il pensait ça? J'acquiesçais par un hochement de tête. J'étais vraiment surpris. Je n'étais donc pas le seul à être déranger par la compagnie des autres ? Hum, enfin, il est vrai qu'être déranger par la compagnie des autres ne signifie pas la même chose que préférer la solitude. L'agoraphobie était très problématique pour moi. Car la solitude me pesait lourdement mais la compagnie des autres me rendait totalement flagada et mal à l'aise. Ce n'était peut-être pas son cas. Je souriais jusqu'aux oreilles sans prendre la peine de lui expliquer pourquoi. Il fallait dire que je n'y avait même pas pensé...

Pendant une quelques minutes je fermais de nouveau les yeux en me remettant contre la table. Je fis sûrement un micro sommeil car en les rouvrant j'eus l'impression que plusieurs heures s'étaient écoulées. C'était le groupe de gens qui m'avait réveillé. En voyant que mon voisin n'avait pas bougé d'un pouce, je me dis que je n'avais pas du m'absenter longtemps. Je me frottais les yeux. J'avais des cernes énormes. C'était sûrement l'un des seul trait de visage que j'avais qui pouvait faire fuir une admiratrice ou un admirateur qui sait ?

Je sortais de nouveau mon harmonica et jouais avec de mes doigts. Ça me détendait franchement. Puis je baillais aux corneilles et replongeais ma tête dans mes bras. J'étais complètement mort de fatigue. Une odeur me vînt au nez. C'était une odeur de mouillé. Tout ces gens sentaient la pluie et la sueur. Je m'étais ma main sur mon nez tellement j'étais gêné. Mais je ne devais pas l'être autant qu'un canidé. Bien sûr, je ne savais pas qu'il en était un. Mais l'odeur me gêné tellement que je fermais la porte de la salle de retenue : histoire que l'odeur ne me parvienne plus.

Spoiler:

Il souriait. Pour de vrai. Il se contenta de hausser les épaules, sans chercher à savoir ce qui pouvait le faire sourire de la sorte. Il sembla somnoler un instant mais il finit par se redresser pour jouer avec son harmonica. Et Kyo regarda son livre sans lire pour autant, Il observa la couverture et soupira en pensant que ce n'était pas encore aujourd'hui qu'il le finirait. L'autre se leva soudain, la main sur le nez, et ferma la porte. L'odeur qui lui parvenait depuis peu s'atténua un peu mais il haussa un sourcil. L'autre n'aurait pas du être dérangé par une odeur aussi faible pour les humains. D'ailleurs il n'y avait aucune odeur assez forte pour déranger un humain normal, sinon il serait déjà parti.

Il fronça brièvement les sourcils avant de détourner les yeux, prit d'un doute. Et si ce n'était pas qu'un simple humain ? Il soupira et ses doigts vinrent suivre le titre de la couverture de son livre dans un geste distrait. Les yeux tournés vers l'extérieur sans le regarder pour autant. La musique l'envahit malgré le son au minimum et il se laissa un instant absorber dans ses pensées. Si c'en était un ? Et il soupira de nouveau. Ramené par cette idée à penser au conflit, à cette peste de Shana, à ses clans.

Il tourna les yeux vers son compagnon d'un jour, l'observant plus attentivement qu'il ne l'avait fait jusque là. Il paraissait vraiment fatigué et il se demanda ce qu'il pouvait bien faire de ses nuits pour être dans de tels états. Et il fit quelque chose qu'il ne faisait que rarement.

- Ton nom. murmura-t-il. C'est quoi ?

C'était maladroit, mal demandé, d'une voix rauque mais c'était bien la première fois qu'il s'intéressait presque réellement à quelqu'un.

Lorsque je vins me rasseoir, je me sentais observé, dévisagé. J'évitais de redresser la tête vers mon camarade de salle. Je marchais façon "robot" vers ma place. Mais qu'est-ce que l'autre était entrain de penser ? J'étais surement le seul à sentir cette odeur et il était probablement surpris par ma réaction. Il devait se demander pourquoi j'étais partit fermer cette porte ! Il se faisait même peut-être des idées, de grosses idées, de gros films !
"Mais mais mais... J'en suis pas un !" pensais-je.
J'étais gêné de penser à ça mais c'était vrai qu'en y réfléchissant : c'était plutôt louche ! Mais pourquoi étais-je partit fermer cette porte ! Et qu'est-ce que l'autre était entrain de penser maintenant !

Enfin arrivé à ma chaise, je m'assis. Les poils de ma nuque étaient tout hérissé. J'étais plus qu'angoissé par le raisonnement que je venais d'avoir.
Les rumeurs allaient aller bon train si ce type se faisait vraiment des idées ! Il irait probablement dire à certaine de ses connaissances que j'étais gay.
Bien sûr je n'imaginais pas que ce qui lui traversait la tête était totalement différent mais son regard sans expression ne m'aider pas à penser à autre chose.

_"Ton nom. murmura-t-il. C'est quoi ?"

Ah !!!!!!!!!!! Ça y était ! Il me demandais mon nom et après ça il allait pouvoir faire partir la rumeur ! "Osvald est Gay !" J'étais partit dans un délire. Chacun de ses gestes me faisait croire que ce que je pensais était vrai. Finalement, j'étais trop honnête pour mentir et malgré tout trop inquiet pour arriver à sortir une phrase correcte.

_"Euh... Vald. Enfin, Osvald Cepheus"

Hyper gêné, je n'avais même pas tourné la tête vers lui. Je fixais le sol. C'était dit, il savait maintenant ! Il allait faire courir le bruit et...
Finalement je relevais la tête. Lui aussi, il avait peut-être sentit l'odeur non ? Ce n'était pas impossible ! Et peut-être que ses yeux sans expression n'en avait pas puisqu'il n'avait pas mal compris comme dans le film que je m'étais fait.
Les traits de mon visage s'apaisèrent. Ce que j'avais été inquiet et probablement pour rien...

Ce que je pouvais être stupide aussi...

Finalement, je réalisais que je n'avais pas le sien de nom.

_"Euh Et toi?"

Encore plus maladroites, mes phrases sortaient avec difficulté. Mes doigts se crispaient à chaque fois que je devais répondre. J'étais toujours aussi mal à l'aise lorsque je devais parler... L'époque où tout me venait naturellement et où je jouais avec Cyra et Mervyn était loin, très loin maintenant.

Il avait l'air gêné. Très gêné et Kyo se demanda ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Il fixait le sol comme hyper mal à l'aise. Il finit par lui donner son nom qui ne lui évoqua pas grand chose. Finalement il sembla se reprendre et osa même demander son prénom.

- Kyo. lâcha-t-il Hanazawa.

Et soudain il soupira, la lassitude l'envahissant. L'autre n'était visiblement pas à l'aise et cet échange de nom ne servirait probablement à rien. Parce qu'il voyait bien que l'autre ne serait jamais détendu en sa présence et que de toute façon, il ne ferait pas en sorte que ce soit le cas. C'était contre sa nature. Pourquoi l'aurait-il fait ? Cela conduirait à s'attacher à ce garçon étrange et apeuré. Et ça, il ne le permettait pas. Jamais. Pourquoi s'attacher. Les liens étaient inutiles et douloureux.

Il ferma les yeux et soupira encore. De plus c'était peut-être un porteur. La possibilité était envisageable. Il n'avait pas fermé la porte sans raison après tout. Si ça avait été l'odeur qui le gênait c'était peut-être après tout pour s'en isoler. ça rendait la thèse du porteur crédible. Il devrait le surveiller. Si c'était un canin, il se devrait de lui proposer une place dans le clan. Enfin ce n'était qu'une théorie après tout. qu'il garda bien pour lui.

Spoiler:

J'étais bien avancé maintenant, je connaissais son nom. Mine de rien c'était très important. Et tout ces gens qui donnaient leur nom sans comprendre qu'ils s'adressaient à des voleurs d'identités hein? Vous en faites quoi? Non, en fait, je ne savais pas si son nom m'avancer réellement à quelque chose. Mais au moins, si un jour je le croisais dans un couloir et si j'osais l'appeler je ne dirais pas :
"Eh Oh? Euh. Toi là-bas !" Mais plutôt : "Kyo ! Ça faisait longtemps, comment vas-tu?"

Euh Enfin, je doutais qu'un jour ce serait le cas. Il faudrait déjà pour cela que je veuille lui parler de nouveau. Enfin lui parler tout cours ! Nous n'avions pas dit grand chose depuis mon entrée dans cette salle. En bref, on avait eu un genre de dialogue sans réelles paroles. Rien que des gestes, des regards, des sourires et... Euh, non n'allait encore rien vous imaginez ! Je suis toujours hétéro à cent pour cent. Moi avec un type? Bon d'accord... moi avec une fille, ce n'est pas près d'arriver non plus. Déjà je me ferais diriger par le bout du nez et... Bon stop ! Revenons à nos moutons.

Je connaissais son nom et c'était déjà pas mal. Mais il soupirait. Il semblait s'ennuyer. Peut-être que ma présence le faisait cake? Enfin... je me gardais de trop y penser car lorsque je le faisais : le mal aise me rongeait de l'intérieur.

Finalement, je redressais la tête et regardais par la fenêtre. J'allais sortir sous la pluie. Tant pis pour la flotte sur les habits. Il fallait que je le fasse. J'avais besoin de courir, très loin, très vite. Ça me détendrait probablement.

_"Bon euh, je sors. A un de ces jours." Dis-je brusquement.

C'était très maladroit mais je ne savais comment lui dire au revoir. Et j'éprouvais le besoin pressant de sortir. Je compris en regardant ma montre : nous étions en fin d'après-midi. Le temps avait passé vite. La nuit approchée même si le ciel ne s'était pas encore assombri. Mon organisme connaissait l'heure ! Enfin, il avait pris un rythme. J'étais surexcité. C'était en totale opposition avec ce que j'étais à mon arrivée dans la salle.

_"Bon euh, je sors. A un de ces jours." dit l'autre.

Il sursauta en posant un regard surpris sur son "compagnon" d'un après midi. Ses yeux allèrent de lui jusqu' la fenêtre où il contempla un instant la pluie qui tombait avant de revenir sur Osvald. Sortir ? Sous la pluie ? Maintenant ? Il lui trouva soudain l'air ... réveillé. Et la constatation lui arracha un mouvement de sourcil presque moqueur. Il eut un sourire en coin. Si c'était un porteur comme il le supposait, ce ne devait pas être un félin. Les félidés détestaient l'eau. Enfin au dernières nouvelles en tout cas.

Il ôta soudain les écouteurs de ses oreilles en se redressant de toute sa taille, impressionnante d'ailleurs. Le livre atterrit dans son sac dont il passa la lanière noire sur son épaule gauche et il glissa les mains dans ses poches. Il était las. Il avait besoin de se changer les idées. Et courir sous la pluie à toute vitesse pendant des heures sous sa forme canine lui semblait être la meilleures des idées.

- Je dois y aller de toute façon. J'ai un truc à faire.

Spoiler:

J'avais commencé à mettre ma main sur la poignée lorsque je le vis brusquement regarder mes yeux et la fenêtre successivement. Non ! Il avait compris que j'allais sortir ? Il allait me suivre ? Je ne savais pas trop quoi faire. Et s'il remarquait que j'étais un porteur ? Soudainement, l'idée me vînt comme un éclair : et s'il était lui-même un porteur ? C'était une possibilité que je n'avais pas forcément observé... J'étais un peu lent à la détente en fait...

Son regard était assez bizarre, je n'arrivais pas à mettre le mot sur l'expression qu'il faisait. Mais je ne comprenais pas vraiment en quoi ce que j'avais dit était louche...
C'est là que je me ressassais les paroles que j'avais prononcés : "Bon euh, je sors. A un de ces jours." Était-il possible que ... A non ! Il avait compris le mot "sortir" comme le sortir dehors et je l'avais employé pour "sortir de la pièce"... Enfin, je ne voulais pas lui dévoiler que j'allais sortir sous la pluie mais... En fait, c'était vachement compréhensible. J'avais été con de regarder dehors comme ça et d'employer ces mots là.

Mais euh !? Pourquoi est-ce qu'il rageait ses affaires. En le voyant faire ça, je ne sortis pas tout de suite : je venais de réaliser qu'il comptait peut-être lui aussi sortir ! Je paniquais intérieurement.

_"Je dois y aller de toute façon. J'ai un truc à faire."

Il voulait "y" aller dehors? C'était ça l'idée? Ah moins qu'il avait employé lui aussi le mot sortir pour dire sortir de la salle... Mon cerveau bouillonnait. Je ne savais plus ce que je devais dire ou faire. Si je me mettais à lui dire : "Euh non, je vais sortir dehors SEUL" : eh bien ça le ferait pas du tout mais alors du tout. Si c'était quelqu'un d'un tant soit peu normal : il trouverait mon attitude plus qu'anormale !
Finalement, ne trouvant rien à ajouter, j'ouvrais la porte. Une longue goutte de sueur me parcourrait le dos. Je frissonnais.

Je mis un pied devant l'autre et je sortais...

Spoiler:

Il y eut un long moment avant que l'autre ne fasse un geste après ses mots. Quoi, sa voix était si intimidante ? L'idée le fit sourire et il s'avança d'un pas ferme vers la porte de la salle, se tenant droit et fier comme si rien ne pourrait le faire plier, jamais. Ce qui était le cas en quelque sorte. L'autre ouvrit la porte alors qu'il n'avait fait que la moitié du chemin. Il partait. Et cela laissa Kyo indifférent. La compagnie silencieuse ne l'avait pas gênée, la solitude ne le gênerait pas non plus. L'indifférence. Voilà ce qui l'avait envahi. La seule envie qu'il avait c'était d'aller courir. De se dépenser. De retrouver son énergie. Et peut-être ensuite pourrait-il aller trouver Shana pour la torturer un peu. Cela faisait si longtemps. Non en fait cela faisait même pas une journée mais c'était si amusant.

Un sourire sadique étira ses lèvres et il sortit enfin de la salle de retenue, ignorant les élèves qui s'y engouffrèrent une fois qu'il se fut un peu éloigné. Comme s'ils n'avaient attendu que son départ. Et c'était sans doute le cas d'ailleurs. L'autre était à à peine quelques mètres devant mais il ne chercha pas à le rattraper.

Spoiler: